Initiative. Rebon Jura : l’idée qui se bat contre le pain perdu

Pour pallier le gaspillage du pain, un jeune Jurassien a eu l’idée d’une start-up de récupération et de valorisation des restes. Objectif : sauver 50 tonnes de pain par an.

xfcnhgfd
« Re-Bon s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire et la recherche de solutions innovantes pour améliorer notre empreinte écologique » (©DR)
Voir mon actu

Donner une deuxième chance aux pains invendus, c’est l’idée que défend Emeric Bossis, le fondateur de Re-Bon, une entreprise anti-gaspillage alimentaire basée dans le Jura.

« Re-Bon s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire et la recherche de solutions innovantes pour améliorer notre empreinte écologique », explique-t-il.

Son idée est de collecter les pains invendus dans les boulangeries artisanales du secteur, les transformer et les redistribuer via un réseau de partenaires. « Ce réseau est constitué d’une part, des boulangeries qui nous fournissent, d’autre part, de magasins vrac, bio, d’épiceries locales et de quelques GMS. »

Sauver 50 tonnes de pain par an

L’ambition de Re-Bon c’est de sauver 50 tonnes de pain chaque année sur le territoire franc-comtois. Et d’essaimer ensuite dans les diverses régions françaises, au plus près des territoires qui génèrent le plus de gaspillage.

C’est donc une « start-up innovante, engagée et porteuse de sens » que porte le jeune Jurassien qui rappelle qu’un kilo de pain nécessite 2 m² de terre cultivée pour faire pousser le blé, 1000L d’eau (d’un bout à l’autre) et rejette 750g de CO2.

« En avril 2020, lors du premier confinement, j’ai été amené à travailler en renfort en EHPAD et, plus particulièrement, à m’occuper du service des repas. J’ai dû, malheureusement, jeter trop de nourriture encore bonne. Ce fut une véritable prise de conscience par rapport au gaspillage alimentaire, qui n’a alors plus cessé de me trotter dans la tête. L’idée m’est alors venue de m’attaquer au gaspillage du pain et de lancer Re-Bon ! », reprend Emeric Bossis. « Il existe déjà des structures qui sauvent le pain en le méthanisant ou en le transformant en nutrition animale mais pas en Franche-Comté. Et pour moi, ça revient à gâcher de la nourriture encore bonne pour nous les hommes, nier le travail de la terre du paysan, nier la maîtrise technique du meunier et le savoir-faire du boulanger ! »

Le rôle de l’entreprise sera donc de transformer le pain collecté, qui sera tranché et doré au four pour en faire des biscottes et tartines apéritives, à moins qu’il ne finisse broyé pour obtenir de la chapelure ou de la farine torréfiée permettant de refaire du pain ou des pâtisseries. Crackers au Comté, Crumble avec la chapelure… les idées ne manquent d’ailleurs pas pour un réemploi gourmand.

Vidéos : en ce moment sur Actu

Une idée totalement novatrice

« Quand j’ai eu l’idée de ce projet, je me suis étonné qu’elle n’ait pas déjà été développée ailleurs. J’ai alors pris contact avec la Répression des fraudes, pour voir s’il n’y aurait pas un problème de normes sanitaires… on a pris deux heures pour regarder toute la réglementation, mais non, tout était correct. On ne travaille pas avec des produits frais, il n’y a donc pas de problème de la chaîne du froid. Surtout, les produits invendus n’ont pas été au contact avec le public, on passera donc du plan de maîtrise sanitaire de la boulangerie au mien », précise Emeric Bossis.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le jeune Jurassien serait donc le premier à avoir l’idée de récupérer le pain invendu pour lui donner une seconde vie.
Pour l’instant, son réseau compte une quinzaine de boulangeries partenaires. Donc les invendus seront ramassés toutes les semaines. « J’ai vraiment prévu de rationaliser les tournées de collectes, qui seront aussi les tournées de dépôt, les produits finis revenant en vente dans les boulangeries. »
Cette économie circulaire fonctionne sur un principe gagnant-gagnant. Les boulangers donnent le pain gratuitement. Mais cela allège le poids de leurs poubelles, ce qui leur fait gagner de l’argent. Puis les produits transformés leur sont revendus à un tarif privilégié et génèrent donc du profit pour le commerce…
« J’ai bâti mon modèle économique en partant sur une production de 600 kg de pain pour commencer, ce qui correspond à ce que peuvent me fournir mes 15 boulangeries partenaires. » Toujours pour économiser sur les charges, le local sera chauffé par le four.
Si le projet ne s’adresse qu’aux boulangeries pour la récupération du pain, c’est parce qu’il serait (pour l’heure) interdit d’utiliser celui des « retour plateau » de la restauration collective. « C’est dommage, parce que cela représente une grosse part du gaspillage alimentaire, mais la loi sur les bio déchets va peut-être évoluer », conclut le créateur de Rebon Jura, confiant dans l’avenir et l’utilité sociale de son projet.
Les produits Rebon Jura devraient être disponibles dans les points de vente (boulangeries et partenaires, mais aussi épiceries et distributeurs de produits locaux) à l’automne. Car avant de lancer son affaire, Emeric Bossis doit attendre le retour de ses demandes de subventions à la Région et à l’ADEME déposées dans le cadre de l’appel à projet sur l’économie circulaire.

Appel au financement participatif

Bien sûr, lancer une telle entreprise demande quelques moyens matériels : une camionnette pour les tournées, une trancheuse professionnelle, un grand four pour faire sécher le pain, des rangements pour stocker les produits, une chambre froide… Et comme pour toutes les entreprises, il va aussi falloir du petit matériel, réfléchir à un packaging, la création d’un site web… Alors, pour mobiliser des fonds, le créateur lance un appel aux dons, à travers une campagne de financement participatif sur la plateforme MiiMOSA, mais offre aussi la possibilité de faire un don direct. L’objectif est de collecter 10 000€.

Dernières actualités

Voix du Jura

Voir plus
Le Journal jeudi 18 avril 2024 Lire le journal
Voix du Jura, Une du jeudi 18 avril 2024