Agroalimentaire

Le beurre bio "C'est qui le patron ?!", le plus vendu de France, une success story made in Auvergne

Le beurre bio "C'est qui le patron ?!", le plus vendu de France, une success story made in Auvergne
Sandra Tignon, productrice bio en Haute-Loire et Muriel Fraisse, sociétaire « C’est qui le patron???! », en compagnie de Laurent Thuus, directeur de l’usine Candia où est produit le beurre bio le plus vendu de France. © Rémi DUGNE
Le beurre bio de la marque du consommateur « C’est qui le patron ? ! », le plus vendu en France, est fabriqué par Candia, filiale du groupe coopératif Sodiaal, à Clermont-Ferrand. Un partenariat qui permet de rémunérer équitablement les éleveurs et de favoriser les conversions en bio.

En périphérie nord de la capitale auvergnate, au bord de la voie ferrée de l’erratique liaison Clermont-Ferrand-Paris, la cadence n’est pas la même sur les lignes de production de l’usine Candia. La filiale du groupe coopératif Sodiaal débite, à très grande vitesse, des dizaines de plaquettes de beurre vertes à la minute. Aussitôt mises en carton et en palette grâce à une chaîne totalement automatisée et robotisée, celles-ci seront commercialisées dans les heures qui viennent partout en France.

582 producteurs répartis dans 27 départements
Le beurre bio « C’est qui le patron?! » est fabriqué avec le lait de 582 producteurs répartis dans 27 départements, de la Saône-et-Loire aux Pyrénées-Atlantiques au sud-ouest et à l’Aude au sud-est, en passant par les départements auvergnats et limousins et l’ensemble du Massif central. « Cette démarche a un effet d’entraînement. Nous avons eu 92 conversions en 2020 », se félicite Sandra Tignon, productrice en Haute-Loire.

La coopérative Sodiaal a accompagné 92 conversions en bio en 2020, en partie grâce "à l'effet d'entraînement" de la démarche "C'est qui le patron ?!". 

Une gestion à flux tendus qui s’explique par l’incroyable succès de ce produit de la marque du consommateur « C’est qui le patron?! ». Hors MDD (marques de distributeurs), son beurre bio est le plus vendu de France, avec une part de marché de 11,3 %, alors qu’il n’est présent que dans 54 % des magasins et ne bénéficie d’aucune campagne de publicité. Pas moins de 20 millions de plaquettes ont été écoulées depuis le début de l’aventure en septembre 2017.
Au-delà de la qualité du produit, garantie par le cahier des charges de l’agriculture biologique auquel s’ajoutent les contraintes supplémentaires imposées par les consommateurs lors de l’élaboration du produit, le succès de ce beurre s’explique aussi et surtout par la démarche elle-même. Celle-ci transforme l’achat en acte citoyen.

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"Un coup de pouce très important"

« Aujourd’hui, les éleveurs bio de la coopérative touchent 466 € à la tonne. Mais grâce à « C’est qui le patron?! », en plus de ce prix de base, 15 centimes par plaquette vendue sont reversés sous forme de prime à la conversion », dévoile Sandra Tignon, éleveuse à Saint-Martin-de-Fugères (Haute-Loire) et administratrice Sodiaal. « C’est un coup de pouce très important parce que pendant les deux ans de la conversion, cela permet de pallier la différence entre le prix du lait conventionnel et le bio. Et ainsi de faire les investissements nécessaires et d’être en mesure d’acheter des compléments alimentaires bio qui sont plus chers. Finalement, cela contribue à privilégier la valeur à la quantité. Ce qui est justement la philosophie de notre groupe. »

« Obligés d'adapter les recettes en fonction des saisons »
« Nous avons 32 recettes différentes de beurre. Nous sommes obligés de nous adapter par rapport la composition en acides gras des laits qui varie en fonction des saisons. Au printemps, le lait devient plus jaune avec le passage à l’herbe. Or, le beurre texturé destiné à l’industrie ne peut être fait que l’hiver sinon il ne se tient pas », explique Laurent Thuus.

La composition en acides gras du lait change en fonction des saisons et de l'alimentation des vaches obligeant l'usine Candia à adapter ses recettes.


Depuis le lancement de ce beurre bio, plus de deux millions d’euros ont été reversés. Rien qu’en 2020, 137 éleveurs en conversion en ont profité. « En complément de ce que nous mettons en place au sein de la coopérative, cela nous a permis d’accélérer les conversions. Nous avons aujourd’hui plus de 800 exploitations bio en France, soit 10 % de nos exploitations, qui produisent 210 millions de litres alors qu’en 2015, nous n’étions qu’à 47 millions. Sur le seul département du Puy-de-Dôme, 35 élevages sont déjà passés en bio », souligne Jérôme Aubert, président de Sodiaal Massif central et éleveur à Chanat-la-Mouteyre.

"Etendre la commercialisation de ce beurre aux industriels"

Un cercle vertueux qui est l’ADN même de « C’est qui le patron?! ». « Moi, ce qui m’intéresse en tant que consommatrice, c’est une rémunération plus juste pour le producteur. C’est pour cela que notre volonté est d’étendre la commercialisation de ce beurre aux industriels, par exemple de la pâtisserie. Cela permettra d’augmenter les volumes et de profiter à davantage d’éleveurs », conclut Muriel Fraisse, sociétaire de la marque du consommateur, installée dans la Loire.

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Composition du prix : une totale transparence
La composition du prix du beurre bio est, comme pour l’ensemble des produits « C’est qui le patron?! » (CQLP), totalement transparente. Sur les 2,94 € d’une plaquette de 250 g, il y a donc 0,15 € de Tva, 0, 15 € pour CQLP, 1,48 € réparti entre la laiterie, le transporteur et le distributeur, 0,15 € pour les éleveurs en conversion bio et 1,01 € pour le producteur.

1,01 € revient au producteur sur les 2,94 € d'une plaquette de 250 grammes.

37.000 tonnes  de beurre produites par an

L’usine clermontoise, 160 salariés et 70 ans d’existence, est l’une des deux beurreries de Sodiaal en France, avec celle de Quimper. « Nous produisons 37.000 tonnes de beurre par an. Nous transformons annuellement 350 millions d’euros de matière première, dévoile Laurent Thuus, son directeur. Le beurre bio « C’est qui le patron ? ! » représente 1.300 tonnes, ce qui fait 3,3 % de notre total annuel. Sur nos vingt-quatre références, il n’y en a pas beaucoup qui atteignent ces 3 %. Une partie de notre production est également exportée en Asie, en particulier au Japon pour confectionner des viennoiseries françaises très appréciées là-bas. Avec la loi Égalim, qui va imposer 20 % de bio en restauration collective en 2022, nous allons lancer des micro-pains de beurre. »

Une partie de la production de la beurrerie clermontoise est exportée, notamment au Japon.

Textes : Dominique Diogon

Photos : Rémi Dugne


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6 commentaires

tiot a posté le 04 mai 2021 à 11h30

BIO, B, I, O, 3 fois plus cher...

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Chemins de traverse a posté le 04 mai 2021 à 10h32

Et qu’est ce que vous en savez Stéphane, une affirmation sans preuve .

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